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De l’idée à la création : albums d’enfants et livres illustrés.

Updated: Sep 28, 2022

Lundi dernier, j'ai eu l'honneur de parler d'illustration et de littérature d'enfance et de jeunesse aux étudiantes du centre de formation L'Horizon, à Paris. C'était dans le cadre de la journée Des Objets Culturels de L'enfance, "dédiée aux études et aux expériences autour des objets culturels de l’enfance - les jeux, les jouets, les livres - et particulièrement sur la culture matérielle enfantine."



Quand je parle d'illustration je pense à la magie de ce processus. À partir d'une feuille en blanc il es possible de créer des messages puissants. Car c'est ça l'illustration : C'est la possibilité de communiquer avec des images. D’après Tzvetan Todorov, "une illustration est une représentation visuelle de nature graphique ou picturale dont la fonction essentielle sert à  amplifier, compléter, décrire ou prolonger un text." Et j’irai jusqu'à dire que parfois l’illustration peut même remplacer le texte.


Qu’il s’agisse d’illustrer pour des enfants our pour des adultes, le processus reste le même, il est question de transmettre une idée. Et cette idée doit être identifiable par l’image.


En général, ce qui m’attire de l’illustration c’est la possibilité de communiquer des sentiments ou des émotions qui ne peuvent pas, ou qui sont difficiles à exprimer avec des mots. C'est peut-être pour cela que mes illustrations ont une tendance au fantastique, à l’onirique.


Même pour les enfants, il est important que les émotions soient visibles. Il n’est pas question de leur cacher les sentiments tristes ou sombres. C'est par l’illustration qu'ils seront capables d’établir un rapport avec des émotions ou des situations qu’ils peuvent aussi avoir vécu.


Il y a quelques années j’ai développé un atelier en Colombie, dans le cadre de la Fête du Livre de Medellín. Un atelier qui cherchait à explorer l’illustration comme moyen d’introspection de soi.

L’atelier était dirigé aux enfants mais aussi aux adultes, et ce qu’on a observé, c’est que les enfants étaient capables d’étre beaucoup plus communicatifs par rapport aux adultes. Ils étaient capables de relier les illustrations aux sentiments, en disant que telle ou telle illustration évoquait des sentiments comme la solitude, la peur ou la douleur.


 



Comme illustratrice, j’ai plusieurs références artistiques, et il y a un nombre d'illustrateurs que j’admire beaucoup. Mais il y a un album en particulier qui m’a marqué quand je l’ai découvert il y a plusieurs années. Il s’agit de « LE CANARD, LA MORT et LA TULIPE » écrit et illustré par Wolf Erlbruch. C’est un album qui a la mort comme sujet. Cela m’a fait réfléchir dès très tôt aux sujets qui peuvent et qui doivent ou qui devraient être traités dans la littérature d’enfance et de jeunesse. Mais aussi sur l’importance des illustrations dans les albums. Ce sont les illustrations qui dans cet album permettent de traiter un sujet grave comme la mort avec beaucoup,de subtilité. Ce sont les illustrations qui donnent au récit sa dimension expressive.


D'après Isabelle Nières-Chevrel, professeur émérite à l'Universite de Nantes, experte en littérature d’enfance et de jeunesse, l'album a si bien intégré la narration par des images, qu’il est maintenant  possible de "considérer une littérature hors les lettres." C’est à dire, il y a des albums sans texte qui par des illustrations permettent aux lecteurs de comprendre l'enchaînement des événements. Peut l'image remplacer le texte?



Mon incursion dans le monde de l'illustration a commencé de manière "formelle" avec la publication de l'album Yuyu y el Miedo, Sílaba editores. Ici il a fallu travailler en équipe avec l'écrivain. Ce n'est pas question dans un album d'enfants de réitérer avec des images ce qui a été déjà dit dans le texte. Il faut avant tout chercher un dialogue entre l'illustration et le texte.




J'ai participé également à l'élaboration du livre illustré Y te lleva como el Viento, anthologie de poèmes écrits par Gabriela Mistral. Dans un livre illustré, les images peuvent être supprimées sans amputer la signification de l'ensemble. Cependant, les illustrateurs ayant une grande liberté dans notre processus de création, nous pouvons créer ainsi des nouveaux récits dans les récits, avec nos illustrations. Ce que j'ai fait d'une certaine façon dans ce livre. J'aime re-interpreter en de-construisant des idées pre-conçues. En imaginant les choses différemment. J'aime laisser dans mes œuvres de petits détails qui peuvent être vus, ou pas, par celui qui regarde (le fuseau et les goutes de sang? -Belle au bois dormant).


Belle au bois dormant par Lilú Escobar
Belle au bois dormant


Dans mon travail personnel, quand j'écris ou quand j'imagine des histoires, j'aime créer des personnages qui ont un air féerique. Cependant, mes illustrations sont aussi le résultat de mes réflexions, de mes doutes, de mes tristesses. J'aime relever du beau dans ce qui n'est pas "normal", j'aime faire des illustrations qui cachent des significations. Après, ce sont les autres qui peuvent me raconter ce qu'ils voient dans ce que je crée.

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